2013-04-25

Des esclaves énergétiques de Jean François Mouhot




Des esclaves énergétiques:
réflexions sur le changement climatique
Préface de Jean-Marc Jancovici

« À travers sa consommation d’énergie, chaque Européen dispose désormais de 100 domestiques en permanence, qui s’appellent machines d’usine, trains et voitures, bateaux et avions, tracteurs, chauffage central, électroménager, tondeuse à gazon et téléskis »1
On entre un peu dubitatif dans un ouvrage affichant d’emblée une position que l’auteur assume comme possiblement outrancière : celle de comparer l’utilisation actuelle des énergies fossiles avec celle des esclaves aux siècles passés.
Et pourtant... À petites touches mesurées et prudentes, intégrant en elles-mêmes leurs propres contradictions2 et avec de solides arguments développés au fur et à mesure, Jean-François Mouhot3 finit par faire mieux que nous ébranler : cette comparaison plutôt surprenante a priori s’avère au total assez éclairante même si elle n’est pas, naturellement, parfaitement transposable.

Ce livre explore les liens historiques et les similarités entre esclavage et utilisation contemporaine des énergies fossiles et montre comment l’histoire peut nous aider à lutter contre le changement climatique. Il décrit d’abord le rôle moteur de la traite dans l’industrialisation au XVIIIe siècle en Grande-Bretagne, puis explique comment l’abolition de l’esclavage peut être pensée en lien avec l’industrialisation.
En multipliant les bras «virtuels», les nouveaux esclaves énergétiques que sont les machines ont en effet progressivement rendu moins nécessaire le recours au travail forcé. L’ouvrage explore ensuite les similarités troublantes entre l’utilisation des énergies fossiles aujourd’hui et l’emploi de la main-d’œuvre servile hier, et les méthodes utilisées par les abolitionnistes pour parvenir à faire interdire la traite et l’esclavage. Ces méthodes peuvent encore inspirer aujourd’hui l’action politique pour décarboner la société.

«Un livre brillant en même temps que profondément troublant, fondé sur une série de comparaisons extrêmement perspicaces et imaginatives entre esclavage et énergies fossiles. Les conclusions sont tout autant convaincantes qu’inquiétantes»
David Brion Davis, Université de Yale
 Un volume 14 x 22 de 160 pages,
ISBN 978.2.87673.554.5, 2011, 17 euros

Jean-François Mouhot est docteur en histoire de l'Institut Universitaire Européen. Il est chargé de recherches à l'Université de Georgetown (Washington) et à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris. Son premier livre, Les Réfugiés Acadiens en France (1758-1785) (Septentrion, 2009) a obtenu le prix Pierre Savard 2010.

Lire quelques extraits de presse
La tribune de J.-F. Mouhot sur leMonde.fr « Et nos enfants nous appelleront ‘barbares’ ».

Lire quelques extraits de presseLa tribune de J.-F. Mouhot sur leMonde.fr « Et nos enfants nous appelleront ‘barbares’ ».

2013-04-18

L’industrie de la contrainte de Frédéric Gaillard


IBM, Thales, Clinatec : un filet global de capteurs électroniques, des outils informatiques pour traiter des myriades de données, un laboratoire pour « nous mettre des nanos dans la tête ».
Nous entrons dans la société de contrainte. Au-delà de ce que la loi, les normes sociales et la force brute ont toujours imposé ou interdit aux sans-pouvoir, des innovations issues de l’informatique et des statistiques, des nano et neurotechnologies, des super-calculateurs et de l’imagerie médicale, permettent bientôt la possession et le pilotage de l’homme-machine dans le monde-machine. 
La gestion de flux et de stocks d’objets au lieu de la perpétuelle répression des sujets : macro-pilotage d’ensemble et micro-pilotage individuel. Voilà ce que montre ce livre à travers des cas concrets et leurs effets voulus autant qu’inéluctables.
 De ces exemples d’un mouvement général, il ressort : que la possession est l’état de ceux que gouverne une puissance étrangère (neuroélectronique) qui les prive de leur libre arbitre et en fait l’instrument de sa volonté ; que la guerre est une violence destinée à contraindre autrui à faire nos volontés ; que la technologie est la continuation de la guerre, c’est-à-dire de la politique, par d’autres moyens ; que l’innovation accélère sans fin le progrès de la tyrannie technologique. Que nul ne peut s’opposer à l’ordre établi ni au cours des choses sans d’abord s’opposer à l’accélération technologique.
128 pages | 12 x 18,5 cm | 2011
9,20 euros | isbn 978-29158306-2-0