2011-02-28

La civilisation des moeurs, Norbert Elias




La civilisation des mœurs est une étude socio-historique détaillée et rigoureuse de l'évolution des mœurs et des codes de conduite sociale dans la société occidentale depuis le Moyen Age. A travers l'étude approfondie de nombreux documents d'époque, souvent très instructifs sur les mœurs anciennes, Norbert Elias nous donne une vision claire de ce qu'il nomme le « processus de civilisation », tout en démontrant le rôle prépondérant joué par les couches sociales supérieures dans l'élaboration de ce processus

extraits de La civilisation des moeurs, Norbert Elias

[...] Alors que la « civilisation » s'attache à souligner l'universalité des hommes, la Kultur a tendance à insister sur les différences entre les peuples. Pour Elias, cela s'explique par le fait que l'Allemagne s'est unifiée tardivement par rapport aux autres pays occidentaux, et que ses habitants ont donc ressenti le besoin permanent de se demander ce qu'ils avaient en commun : la Kultur répond donc à cette question récurrente. On comprend donc bien pourquoi la structure du sentiment national, qu'elle résulte des notions de Kultur ou de « civilisation », est sensiblement variable d'un pays à l'autre. [...]

[...] «La civilisation des mœurs», de Norbert Elias L'auteur Norbert ELIAS est né à Breslau, en Allemagne (dans l'actuelle Pologne), en 1897. Sociologue atypique ayant entamé des études de médecine puis de philosophie avant de se tourner vers la sociologie, il enseigna notamment à l'université de Francfort. Fuyant l'Allemagne devant la montée du nazisme, il se dirige d'abord vers la Suisse, puis la France, avant de s'établir en 1935 et pour quarante ans en Angleterre. Outre-Manche, il se lance dans une carrière d'enseignant, et surtout il se consacre à la rédaction de Über den Prozess der Zivilization, qui paraît en 1939. [...]

[...] Ainsi, partant du fait qu'elle a pu se mêler aux courtisans, la classe bourgeoise française peut s'exprimer par rapport à d'éventuelles avancées sociales, étant appuyée par un mouvement de pensée regroupé sous le nom de physiocratie. Elias fait remarquer que l'on ne peut cependant pas décrire la bourgeoisie française comme réformatrice et l'aristocratie comme totalement opposée au changement social : il existe des exceptions. La notion qui se cache derrière le mot « civilisation » varie notablement selon les individus qui l'emploient à partir de Mirabeau père. Il apparaît cependant qu'en 1774, Holbach dans son Système social, dit que « la civilisation des peuples n'est pas encore terminée ». [...]

[...] Conclusion Cette étude de Norbert Elias est particulièrement instructive sur l'histoire sociale de l'Europe. En abordant de manière claire et précise les concepts de « culture » et de « civilisation », il permet de mieux comprendre les oppositions entre les concepts français et allemands. Il parvient à saisir les racines du colonialisme français et de l'identité nationale allemande, deux éléments essentiels dans l'Europe du XIXe siècle. Mais en adoptant un point de vue socio-historique, Elias nous donne également une vision globale et synthétique de l'évolution sociale de la civilisation européenne. [...]

[...] Or l'épanouissement ne tarde pas, puisque paraissent bientôt des œuvres importantes de Schiller, Kant et Goethe. Il est évident que cela ne s'est pas réalisé aussi rapidement, et que l'évolution avait déjà débuté depuis longtemps. Mais Frédéric II passe les améliorations sous silence, car il est issu d'une tradition intellectuelle qui est celle des cours anglaise et française. Par ailleurs, Frédéric II est sûrement celui qui a le plus agi en faveur du développement politique de la Prusse, si bien que ses positions émises en tant que philosophe divergent complètement de son action politique. [...]




LA SOCIETE DES INDIVIDUS




La société des individus" et qui nous concernent plus directement car il résout le paradoxe d'un individu qui se croit autonome alors qu'il est soumis à des interdépendances de plus en plus contraignantes : c'est parce qu'il y a une différenciation de plus en plus grande, qui objectivement augmente nos dépendances mais offre un choix plus grand d'aspirations sociales que le sentiment d'autonomie se renforce avec celui d'injustice et de culpabilité, ainsi que de séparation de la société.

"Plus sont denses les dépendances réciproques qui lient les individus, plus est forte la conscience qu'ils ont de leur autonomie"

Elias résout donc un premier paradoxe d'un sentiment d'autonomie qui augmente avec celui des contraintes sociales, mais il répond aussi à la fin de sa vie à l'objection d'une évolution où les normes et les contraintes semblent s'alléger, en illustrant avec le sport que cela ne fait que renforcer l'auto-contrôle (production de soi jusqu'à la dépression.


C'est seulement à partir du moment où l'individu cesse de penser ainsi pour lui tout seul, où il cesse de considérer le monde comme quelqu'un qui "de l'intérieur" d'une maison regarderait la rue, "à l'extérieur", à partir du moment où, au lieu de cela - par une révolution copernicienne de sa pensée et de sa sensibilité -, il arrive aussi à se situer lui-même et sa propre maison dans le réseau des rues, et dans la structure mouvante du tissu humain, que s'estompe lentement en lui le sentiment d'être "intérieurement" quelque chose pour soi tandis que les autres ne seraient qu'un "paysage", un "environnement", une "société" qui lui feraient face, et qu'un gouffre séparerait de lui.

" des conventions qui brident les spontanéités, le contrôle intériorisé des pulsions et des émotions devient encore plus nécessaire et plus exigeant. "

"il ne suffit pas de comprendre un individu par ses caractéristiques, il faut encore l'expliquer par la situation et sa position dans le groupe ou son histoire."

"Il faut rompre avec la pensée sous forme de substances isolées et passer à une réflexion sur des rapports et des fonctions"