2009-04-18

LA PLUS GRANDE INDUSTRIE MONDIALE


supplément de lecture (vite lu 2H30),
bonne description historique de comment sommes nous passé du détaillant aux hypermarchés

Nelson Lichtenstein (université CALIFORNIE SANT BARBARA),
Susan Strasser (université DELAWARE)
Les prairies ordinaires
Collection : Penser-Croiser
12,00 EUR


Les données témoignant de la taille géante de Wal-Mart ne manquent pas : Wal-Mart est la plus grande entreprise mondiale, le plus grand employeur privé du monde, le huitième acheteur de produits chinois (devant la Russie et le Royaume-Uni); son chiffre d'affaires est supérieur au PIB de la Suisse; son budget informatique supérieur à celui de la NASA; le patrimoine financier des héritiers de Sam Walton (son fondateur) est deux fois plus élevé que celui de Bill Gates... Mais derrière ces superlatifs se cache l'histoire très singulière d'une société de l'Arkansas qui, en l'espace de 40 ans, a révolutionné les vieux modèles fordistes d'organisation du travail et largement reconfiguré les rapports producteurs/détaillants et toute l'économie américaine.



Le succès et l'influence politique de cette entreprise géante lui permettent de redessiner les plans des villes, de déterminer le salaire minimum réel, de casser les syndicats, de définir les contours de la culture populaire, de peser sur les flux de capitaux dans le monde entier, et d'entretenir ce qui s'apparente à des relations diplomatiques avec des dizaines de pays. Alors que la marge de manœuvre des gouvernements demeure restreinte, Wal-Mart semble avoir aujourd'hui plus d'influence que n'importe quelle institution, non seulement sur des pans entiers de la politique sociale et industrielle américaine, mais aussi sur le modèle de vie et de consommation mondialisé, bigot et entièrement familiariste.


Sommaire

- Wal-Mart et les tombées de camion

- Wal-Mart : un modèle pour le capitalisme du XXIe siècle

- De Woolworth à Wal-Mart : la marchandisation de masse et l'aventure de la culture consumériste

2009-04-14

GEORGE ORWELL 1984



ci-dessous des extraits de cette ouvrage

Au long des temps historiques, et probablement depuis la fin du néolithique, le monde a été divisé en trois classes. La classe supérieure, la classe moyenne, la classe inférieure. Elles sont été subdivisées de beaucoup de façons, elles ont porté d'innombrables noms différents.

Les buts de ces trois groupes sont absolument inconciliables. Le but du groupe supérieur est de rester en place. Celui du groupe moyen, de changer de place avec le groupe supérieur. Le but du groupe inférieur, quand il en à un - car c'est une caractéristique permanente des inférieurs qu'ils sont trop écrasés de travail pour être conscients, d'une façon autre qu'intermittente, d'autre chose que de leur vie de chaque jour - est d'abolir toute distinction et de créer une société dans laquelle tous les hommes seraient égaux.

Ainsi, à travers l'Histoire, une lutte qui est la même dans ses lignes principales se répète sans arrêt. Pendant de longues périodes, la classe supérieure semble être solidement au pouvoir. Mais tôt ou tard, il arrive toujours un moment où elle perd, ou sa foi en elle même, ou son aptitude à gouverner efficacement, ou les deux. Elle
est alors renversée par la classe moyenne qui enrôle, à ses côtés la classe inférieur en lui faisant croire qu'elle lutte pour la liberté et la justice.

Sitôt qu'elle a atteint son objectif, la classe moyenne rejette la classe inférieure dans son ancienne servitude et devient elle-même supérieure. Un nouveau groupe moyen se détache alors de l'un des autres groupes, ou des deux, et la lutte recommence.

Des trois groupes, seul le groupe inférieur ne réussit jamais, même temporairement, à atteindre son but. Ce serait une exagération que de dire qu'à travers l'histoire il n'y a eu aucun progrès matériel. Même aujourd'hui, dans une période de déclin, l'être humain moyen jouit de conditions de vie meilleurs que celles d'il y a quelques siècles.

Mais aucune augmentation de richesse, aucun adoucissement des mœurs, aucune réforme ou révolution n'a jamais rapproché d'un millimètre l'égalité humaine. Du point de vue de la classe inférieure, aucun changement historique n'a jamais signifié beaucoup plus qu'un changement du nom des maitres.

Vers la fin du XIX siècle, de nombreux observateurs se rendirent compte de la répétition constante de ce modèle de société. Des écoles de penseurs apparurent alors qui interprètent l'histoire comme un processus cyclique et prétendirent démontrer que l'inégalité était une loi inaltérable de la vie humaine.

Dans le passé, la nécessité d’une forme hiérarchisée de société avait été la doctrine spécifique de la classe supérieure. Elle avait été prêchée par les rois et les aristocrates, par les prêtes, hommes de loi et autres qui étaient les parasites des premiers et elle avait été adoucie par des promesses de compensation dans un monde imaginaire, par-delà la tombe. La classe moyenne, tant qu’elle luttait pour le pouvoir, avait toujours employé des termes tels que liberté, justice et fraternité.

Le socialisme, une théorie qui apparut au début du XIX siècle et constituait le dernier anneau de la chaîne de pensée qui remontait aux rebellions d’esclaves de l’antiquité, était encore profondément infecté de l’utopie des siècles passés. Mais dans toutes les variantes du socialisme qui apparurent à partir de 1900 environ, le but d’établir la liberté et l’égalité était de plus en plus ouvertement abandonnée.
Ces nouveaux mouvements naissaient naturellement des anciens. Ils tendaient à conserver les noms de ceux-ci et à payer en paroles un hommage à leur idéologie.

Comme d’habitude, la classe supérieure devait être délogée par la classe moyenne qui deviendrait alors la classe supérieure. Mais cette fois, par une stratégie consciente. Cette classe supérieure serait capable de maintenir perpétuellement sa position.
Les nouvelles doctrines naquirent en partie grâce à l’accumulation de connaissances historiques et au développement du sens historique qui existait à peine avant le XIX siècle. Le mouvement cyclique de l’histoire était alors intelligible, ou paraissait l’être, et s’il était intelligible il pouvait être changé.

Dans les périodes antérieures, quand une société juste et paisible était en fait impossible, il avait été tout à fait facile d’y croire. L’idée d’un paradis terrestre dans lequel les hommes vivraient ensemble dans un état de fraternité, sans lois et sans travail de brute, a hanté l’imagination humaine pendant des milliers d’années.

Les héritiers des révolutions françaises, anglaises et américaines ont, en partie, cru à leurs propres phrases sur les droits de l’homme, la liberté d’expression, l’égalité devant la loi, et leur conduite, dans une certaine mesure, a même été influencée par elles.
Mais vers la quatrième décennie du XX siècle, tous les principaux courants de la pensée politique étaient des courants de doctrine autoritaire. Le paradis terrestre avait été discrédité au moment exact où il devenait réalisable. Toute nouvelle théorie politique, de quelque nom qu’elle s’appelât, ramenait à la hiérarchie et à l’enregistrement et dans le général durcissement
de perspective qui s’établit vers 1930, des pratiques depuis longtemps abandonnées, parfois depuis des centaines d’années (emprisonnement sans procès, emploi de prisonniers de guerre comme esclaves, exécutions publiques tortures pour arracher des confessions, usage des otages et déportation de populations entières) non seulement redevinrent courantes, mais furent tolérées et même défendues par des gens qui se considéraient comme éclairés et progressistes.
La nouvelle aristocratie était constituée, pour la plus grande part, de bureaucrates, de savants, de techniciens, d’organisateurs de syndicats, d’experts en publicité, de sociologues, de professeurs, de journalistes et de politiciens professionnels. Ces gens, qui sortaient de la classe moyenne salariée et des rangs supérieurs de la classe ouvrière, avaient été formés et réunis par le monde stérile du monopole industriel et du gouvernement centralisé.

Comparés aux groupes d’opposition des âges passés, ils étaient moins avares, moins tentés par le luxe; plus avides de puissance pure et, surtout, plus conscients de ce qu’ils faisaient, et plus résolus à écraser l’opposition.

La raison en est, en partie, que, dans le passé, aucun gouvernement n’avait le pouvoir de maintenir ses citoyens sous une surveillance constante. L’invention de l’imprimerie, cependant, permit de diriger plus facilement l’opinion publique. Le film et la radio y aidèrent encore plus. Avec le développement de la télévision et le perfectionnement technique qui rendit possibles, sur le même instrument, la réception et la transmission simultanée, ce fut la fin de la vie privée.

Après la période révolutionnaire qui se place entre 1950 et 1960, la société se regroupa, comme toujours, en classe supérieure, classe moyenne et classe inférieure. Mais le nouveau groupe supérieur, contrairement à tous ses prédécesseurs, n’agissait pas seulement suivant son instinct. Il savait ce qui était nécessaire pour sauvegarder sa position. La possibilité d’imposer, non seulement une complète obéissance à la volonté de l’Etat, mais une complète uniformité d’opinion sur tous les sujets, existait pour la première fois.

Pour un groupe dirigeant, il n’y a que quatre manières de perdre le pouvoir. Il peut soit être conquis de l’extérieur, soit gouverner si mal que les masses se révoltent, soit laisser se former un groupe moyen fort et mécontent, soit perdre sa confiance en lui-même et sa volonté de gouverner.

1984 (Nineteen Eighty-Four) est le plus célèbre roman de George Orwell, écrit en 1948 et publié l'année suivante.Le roman devait s'appeler à l'origine The Last Man in Europe (Le Dernier Homme en Europe), ou encore 1949, l'année de sa parution, mais Orwell se vit opposer un refus de la part de son éditeur. Il le renomma ensuite 1984, en inversant les chiffres correspondant à la date d'écriture (1948), et donna une dimension plus futuriste au récit afin qu'il choque moins ses contemporains.1984 est communément considéré comme une référence du roman d'anticipation, de la dystopie, voire de la science-fiction en général source wikipedia

mot annexe anticipation sociale